Je m’appelle Todisoa, j’ai 17 ans

4.10.24 | Portraits

« Je m’appelle Todisoa, j’ai 17 ans et j’ai vécu dans la rue pendant 5 ans avant de rejoindre Grandir à Antsirabe.

La vie dans la rue

Je travaillais comme porteur au marché Sabotsy la journée, puis dans une salle vidéo le soir, et la nuit, je dormais au marché. Un jour, j’ai entendu une personne au marché dire qu’il y avait un endroit où les enfants des rues pouvaient dormir et recevoir une éducation. 

Je n’ai pas voulu y aller tout de suite, mais à un moment, je ne gagnais plus beaucoup d’argent, donc j’ai décidé de me rendre au Centre d’Hébergement Temporaire (CHT). C’était il y a 3 ans. J’avais 14 ans à l’époque.

Mon arrivée au CHT

Lorsque je suis arrivé, j’ai rencontré un éducateur, j’ai discuté avec lui, j’ai pris une douche et je suis resté dormir au CHT pendant une semaine avant de retourner au marché. Quelques mois plus tard, je suis revenu au CHT et cette fois-ci, j’ai décidé de rester. 

Je ne voulais plus retourner dans la rue, alors je me suis engagé à étudier de manière assidue. Je me suis dit que si je n’étudiais pas correctement, j’aurais encore des problèmes !

Activités et apprentissages

J’ai beaucoup changé pendant mon passage au CHT. Je mangeais correctement, j’étudiais bien et je participais à de nombreuses activités. J’adorais les cours d’informatique et les cours de djembé avec Zoky Tantely. Ça me manque ! Heureusement, je participe encore à certaines activités, comme le football, les activités “Jeux et loisirs”, ou encore les sorties une fois tous les trois mois.

L’ambiance au CHT était très chouette. J’avais une bonne entente avec les éducateurs, et celui qui m’a le plus marqué est Zoky Fitia. Il m’a fait confiance, et j’avais confiance en lui aussi. Les éducateurs m’ont enseigné l’ouverture d’esprit et la discipline. J’ai même reçu des cartons rouges et jaunes, c’était la première fois que je recevais ce genre de chose !

Après cela, j’ai pris des cours de soutien avec Tatie Hanta pour passer le CEPE, et j’ai obtenu mon diplôme !

Initiation à l’agriculture

Suite à mon diplôme, j’ai suivi une initiation à l’agriculture avec Zoky Laza. Il nous a appris beaucoup de choses, mais j’ai surtout été marqué par les leçons sur l’élevage, car cela m’a donné envie d’expérimenter par moi-même. 

Alors, j’ai commencé un élevage de poules pondeuses chez moi. 

J’en avais seulement 2 au départ, et à la fin, j’ai réussi à en avoir 18. Je les ai vendues et j’ai acheté un porc. Malheureusement, je n’avais pas beaucoup de temps à lui consacrer à cause de mes études, donc il est tombé malade. 

Malgré cela, j’étais fier de moi car j’ai réussi à maîtriser l’élevage de poules pondeuses en appliquant ce que j’avais appris. Zoky Laza nous a montré le bon chemin, pas seulement en agriculture, mais aussi en éducation.

Ma vie aujourd’hui

Aujourd’hui, je fais une formation professionnelle de 9 mois dans le bâtiment au CFP Sarobidy. Avant de commencer cette formation, j’ai fait un stage de 5 mois en ouvrage métallique, et cela m’a beaucoup plu. C’est pour cela que j’ai choisi le BTP, qui inclut le bâtiment en général, l’ouvrage en bois et l’ouvrage métallique.

Ma vie a vraiment changé depuis que je suis arrivé chez Grandir à Antsirabe. Auparavant, je vivais dans la rue et je gagnais un peu d’argent, mais aujourd’hui, j’ai un peu honte quand j’y repense. Je ne pensais pas à la vie ou à l’avenir, mais aujourd’hui, j’ai changé. 

D’ailleurs, quand je pense à mon avenir, je m’imagine chauffeur ! L’année prochaine, je veux m’inscrire à l’auto-école.

Si j’avais un conseil à donner aux enfants…

Si j’avais un conseil à donner aux enfants, ce serait de ne pas se laisser distraire par la rue ou par le salaire qu’ils peuvent y gagner. Il vaut mieux regarder devant soi, penser à son propre développement et réfléchir vraiment à son avenir. 

Nous avons de la chance d’avoir une association comme Grandir à Antsirabe ici. C’est bien pour notre ville. S’ils n’étaient pas là, les enfants comme moi n’auraient pas de tuteur.

J’aimerais donner du courage à l’équipe pour tout le travail éducatif qu’ils font au centre, et je voudrais aussi dire aux éducateurs de ne pas se laisser décourager par nos entêtements. Nous sommes reconnaissants et nous les remercions de nous accueillir depuis tout ce temps. »

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