Madagascar : l’accès toujours difficile à l’éducation

23.01.25 | Centre de Ressources, Clés de compréhension

L’éducation, pilier fondamental du développement humain et économique, reste un défi majeur pour Madagascar. Le récent rapport de l’UNICEF « Teachers for All : Comprendre le déploiement des enseignants du primaire à Madagascar » (2024) met en lumière les obstacles persistants à l’accès à une éducation de qualité pour tous les enfants malgaches, malgré les efforts déployés.

Un accès inégalitaire : la géographie et le genre comme facteurs déterminants

Le rapport révèle de profondes disparités géographiques en matière d’accès à l’éducation.

Les zones rurales, en particulier celles enclavées ou difficiles d’accès, souffrent d’un manque criant d’infrastructures scolaires. Les écoles sont souvent éloignées des villages, obligeant les enfants à parcourir de longues distances à pied, ce qui favorise l’absentéisme et l’abandon scolaire.

Cette situation affecte particulièrement les filles, qui sont davantage sollicitées pour les tâches domestiques et agricoles. Les risques liés aux longs trajets (fatigue, insécurité, harcèlement) dissuadent également de nombreux parents de scolariser leurs filles.

« L’accès à l’école, c’est aussi une question de sécurité et d’égalité des chances », souligne le rapport.

Des inégalités qui se creusent dès le plus jeune âge

Au-delà de la distance, la qualité de l’enseignement est elle aussi source d’inquiétude. Le manque de formation des enseignants est un problème crucial. Seuls 17% des enseignants du primaire disposent d’un diplôme pédagogique, ce qui impacte directement la qualité de l’apprentissage.

Les classes surchargées, avec des ratios élèves/enseignant (REE) atteignant parfois 49 élèves pour un seul enseignant en première année, sont une réalité préoccupante. Dans les zones rurales, le recours aux classes multigrades, où un enseignant doit gérer plusieurs niveaux en même temps, complexifie davantage la tâche. « Ces conditions d’apprentissage ne permettent pas aux enfants de développer pleinement leur potentiel », déplore le rapport.

La pauvreté, un obstacle majeur à l’éducation

La pauvreté est un facteur déterminant de l’accès à l’éducation. De nombreuses familles ne peuvent se permettre les coûts indirects liés à la scolarisation (fournitures, uniformes, transport). Le travail des enfants, qui les prive d’instruction, est un fléau persistant.

Le mariage précoce, particulièrement répandu chez les filles, les contraint souvent à abandonner l’école pour se consacrer à leur rôle d’épouse et de mère.

« Briser le cycle de la pauvreté passe par l’éducation », rappelle le rapport, insistant sur l’importance d’investir dans le capital humain.

Des enfants oubliés du système

Le rapport met également en lumière la situation des enfants handicapés et des enfants des rues, souvent exclus du système éducatif. Le manque d’infrastructures adaptées, le manque de personnel formé et la discrimination sont autant d’obstacles qui les privent de leur droit à l’éducation.

Grandir Ailleurs, qui œuvre à Madagascar pour accompagner les enfants les plus vulnérables, propose des cours d’éducation alternative pour les enfants des rues, du soutien scolaire, des formations professionnelles et participe à la rénovation d’infrastructures éducatives.

L’éducation est un droit fondamental et un levier essentiel du développement. Investir dans l’éducation des enfants malgaches, c’est investir dans l’avenir du pays.

 

 

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