Depuis la création de Grandir à Antsirabe, notre partenaire à Madagascar, plus d’une centaine d’enfants ont été accompagnés par l’association jusqu’à leur réinsertion.
À travers une série d’articles, nous souhaitons revenir sur l’histoire de certains d’entre eux, qui ont bien grandi depuis leur passage entre les murs de l’association. Honneur aux dames avec Nanja, première à avoir accepté de partager avec nous son parcours de vie…
L’internat, un tournant dans sa vie
C’est par l’intermédiaire d’un français que Nanja, aujourd’hui âgée de 31 ans, a connu l’association Grandir à Antsirabe. À l’époque, elle avait 14 ans. « J’étais venue chez lui pour chercher du travail ou une aide pour pouvoir continuer l’école », nous raconte-t-elle.
Pour nous expliquer ce qui l’a amenée là, elle remonte un peu plus loin dans son passé : « J’ai grandi avec mes grands-parents toute mon enfance, et à mes 10 ans, ma grand-mère est morte. J’ai dû déménager chez ma mère, qui vivait avec mes frères et mon beau-père. Mon beau-père était alcoolique et drogué. J’ai subi beaucoup de violences pendant longtemps. »
Lorsque Nanja a intégré l’internat de Grandir à Antsirabe, cela a marqué un tournant dans sa vie. « J’ai décidé de venir et de rester au centre car je savais que j’aurai une vie paisible et que je pourrai continuer mes études, nous explique-t-elle. Je voulais aussi échapper aux violences que mon beau-père m’infligeait tous les jours. À l’internat, je me sentais enfin chez moi. »
Elle s’y sentait tellement bien qu’elle y est restée jusqu’à ses 19 ans. Elle se remémore les bons moments : « J’ai quitté la Maison des Filles (l’internat, ndlr) il y a 12 mois, mais j’en garde plein de souvenirs heureux. Les activités du week-end, les activités à l’Alliance française, la danse, et beaucoup d’autres. »
Elle nous confie que son passage à l’internat l’a beaucoup aidée et qu’elle a réussi à décrocher son premier emploi à sa sortie.
Plus qu’une réinsertion professionnelle, un épanouissement familial
L’objectif de Grandir à Antsirabe est d’accompagner les enfants des rues vers une réinsertion sociale et/ou familiale. C’est un pari réussi avec Nanja puisqu’elle est devenue totalement autonome à la fin de son accompagnement. Ayant obtenu un emploi à JB Amboditsiry, une société située à Antananarivo, elle s’est installée en colocation avec une fille qui venait aussi d’Antsirabe.
Depuis, elle a construit sa vie dans la capitale. « Aujourd’hui, je vis à Antananarivo avec ma famille : mon fils et mon mari. Avec mon mari, nous travaillons ensemble au sein de notre société d’import-export. Nous avons aussi une société de fabrication de savons, et je suis la gérante d’une troisième société d’artisanat malagasy. »
Une vie professionnelle à cent à l’heure, dans laquelle la jeune femme s’épanouit. Mais elle n’en oublie pas l’essentiel.
« J’adore mon travail ! Ce que j’aime le plus, c’est de savoir que nos produits sont un succès et que nos clients sont satisfaits. Mais ce que j’aime particulièrement dans ma vie d’aujourd’hui, c’est ma famille. Notre solidarité. J’entretiens aussi une très bonne relation avec mes parents. »
Son lien avec Grandir à Antsirabe
Même si Nanja a fait du chemin, cette femme accomplie n’oublie pas d’où elle vient. Elle a gardé un lien avec l’association, et notamment avec son « conseiller », comme elle l’appelle, qui faisait partie de l’équipe et qui l’a beaucoup aidée à avancer, notamment dans son métier. « Je tiens à remercier les équipes de Grandir à Antsirabe, ici et ailleurs, pour tout l’amour, la compréhension, les conseils, l’accompagnement et l’éducation que vous offrez à tous les enfants. »
Lorsque nous lui avons demandé si, en tant qu’ancienne, elle avait un conseil à donner aux enfants qui passent par les épreuves qu’elle a traversées, sa réponse était une nouvelle fois empreinte d’une grande reconnaissance :
« J’aimerais dire aux enfants de la rue que le CHT est là pour vous, pour vous accueillir avec amour et tendresse. Quant à ceux qui y sont déjà hébergés, c’est une chance pour nous d’avoir ce centre, pour avoir une vie meilleure, donc il faut la saisir. Il faut aussi du courage et de la patience pour atteindre notre but. »
