Prises en charge par l’association, les formations professionnelles sont proposées aux jeunes âgés d’au moins 14 ans qui ne souhaitent pas être rescolarisés du fait du retard scolaire qu’ils ont accumulé et qui veulent donc intégrer le monde du travail dès que possible.
Le dispositif d’accompagnement social
Tous les enfants et jeunes de la rue accueillis au sein du Centre d’Hébergement Temporaire (CHT) de l’association Grandir à Antsirabe sont suivis par un dispositif d’accompagnement social. Celui-ci assure le suivi social, éducatif et médical des bénéficiaires et poursuit deux objectifs:
- aider les enfants à renouer avec leur famille et, si cela est impossible, les orienter vers d’autres structures de prise en charge ;
- favoriser leur réinsertion dans la société malgache à travers la (re)scolarisation et l’offre de formations professionnelles.
Avant la formation, tout un travail !
Avant d’engager les démarches, l’équipe d’accompagnement social s’entretient avec les jeunes concernés car il est essentiel de s’assurer de leur motivation : souhaitent-ils véritablement faire une formation ? Si oui, dans quel domaine ? Sont-ils prêts à assumer les responsabilités qui en découlent (arriver à l’heure, être propre sur soi, etc.) ?
C’est une fois les réponses à ces questions obtenues que Manitra, assistant social, et Felana, éducatrice, accompagnent les jeunes en démarchant les centres de formation professionnelle ainsi que les petites et moyennes entreprises.
Des difficultés récurrentes
Mais l’équipe est souvent confrontée aux mêmes difficultés : les préjugés qui entourent les enfants des rues sont tenaces et de nombreux centres n’acceptent donc pas encore de les encadrer et/ou exigent un niveau scolaire dont la majorité d’entre eux ne disposent pas.
En effet, en 2020, 88% des bénéficiaires de Grandir à Antsirabe n’étaient pas scolarisés et 80% avaient arrêté l’école au niveau primaire, pour des raisons financières principalement.
En 2019, finalement, deux bénéficiaires du CHT ont pour la première fois entamé une formation en cuisine, d’abord encadré par Tojo, un ancien bénéficiaire de l’association devenu cuisinier dans un hôtel réputé d’Antsirabe, puis dans un restaurant de la ville.
En 2022, six jeunes en formation
Aujourd’hui, six jeunes, tous réinsérés, bénéficient de formations professionnelles dans les secteurs suivants:
- deux en cuisine : l’un est en stage pratique dans une gargote et le second se perfectionne auprès de Tojo tout en recherchant son premier emploi ;
- un en boulangerie, dans les locaux d’une association locale ;
- deux en menuiserie bois, au Centre de Promotion Socio-Économique (CPSE) d’Antsirabe ;
- un en artisanat, à l’Institut des aveugles FOFAJA où il vit en internat et apprend aussi à lire le braille, évoluant ainsi dans un environnement adapté à son handicap.
Un accompagnement global vers l’autonomie
Pour qu’ils puissent se consacrer entièrement à leurs études et jusqu’à ce qu’ils acquièrent leur autonomie, il peuvent bénéficier tous les mois d’une distribution de vivres, de produits d’hygiène et de vêtements.
Enfin, le dispositif d’accompagnement social effectue le suivi de chaque jeune en formation professionnelle au moins une fois par mois. L’enjeu ? S’assurer qu’ils aient des conditions de vie décentes afin de limiter les risques de retours à la rue.