Madagascar : état des lieux de la situation politique, sociale et économique (2024)

30.04.24 | Centre de Ressources, Grandir Ailleurs

Madagascar, la cinquième plus grande île du monde, est confrontée à une crise économique et sociale sans précédent, exacerbée par des défis politiques et environnementaux. En dépit de ses vastes ressources naturelles, la population malgache, composée d’environ 28 millions d’habitants, lutte contre l’un des taux de pauvreté les plus élevés au monde.

Contexte Politique

Andry Rajoelina a été réélu président en décembre 2023, avec Christian Ntsay reconduit au poste de Premier ministre. Le nouveau gouvernement, formé en janvier 2024, cherche à relever les défis complexes auxquels est confrontée la nation insulaire. 

Ces élections ont cependant été marquées par de fortes contestations et manifestations du côté des opposants, ce qui démontre l’instabilité politique présente à Madagascar.

Situation socio-économique

En raison, principalement, des retombées de la guerre en Ukraine et des chocs climatiques, Madagascar a connu une croissance économique en baisse, passant de 5,7 % en 2021 à 3,8 % en 2022. Bien que la croissance économique ait montré des signes de redressement, avec des prévisions optimistes pour 2024-25, les déficits budgétaires et courants persistent, avec une dette publique croissante et des pressions inflationnistes.

La situation économique du pays reste donc précaire, caractérisée par une croissance insuffisante et une pauvreté persistante. Des facteurs tels que la faiblesse de la gouvernance, le développement inadéquat du capital humain et physique, ainsi que des crises climatiques récurrentes contribuent à cette instabilité.

Madagascar est classé au 177e rang sur 191 pays selon l’indice de développement humain en 2024, avec des taux de pauvreté alarmants : 75,2 % de la population vit avec moins de 0,89 dollars par jour et 51,8 % est en situation d’extrême pauvreté.

La pandémie de COVID-19 a provoqué une récession sévère en 2020, avec une contraction de 7,1 % du PIB. Bien que la croissance économique reparte, l’inflation reste élevée, affectant le pouvoir d’achat des ménages.

Ces difficultés économiques sont renforcées par les changements climatiques, auxquels Madagascar est fortement exposé, provoquant notamment des sécheresses sévères et des cyclones de plus en plus fréquents. Ces derniers ont des conséquences dévastatrices sur l’agriculture, les infrastructures et la biodiversité.

L’agriculture, qui contribue à 25 % du PIB et emploie 80 % de la population, est confrontée à des défis tels que la diminution de la production de riz. Cela constitue l’une des causes de la hausse des prix des denrées alimentaires. 

Bien que les communautés malgaches s’adaptent, en adoptant des pratiques agricoles innovantes et en mettant en place des systèmes d’alerte précoce pour atténuer les risques, les foyers se retrouvent tout de même en grande difficulté, enregistrant des niveaux élevés de malnutrition aiguë et chronique. En 2023, Madagascar se classe au 124ème rang sur  125 à l’indice mondial de la faim.

20200117 - projet agriculture biologique Madagascar

Appel à la solidarité internationale

La Banque mondiale alerte sur la hausse de la pauvreté urbaine à Madagascar et recommande des mesures audacieuses pour promouvoir une croissance partagée et soutenue. Des réformes visant à améliorer le climat des affaires, à renforcer le capital humain et à stimuler la productivité agricole sont nécessaires pour sortir Madagascar de ce cercle vicieux de pauvreté.

Face à cette crise multidimensionnelle, Madagascar a besoin d’un soutien international accru pour renforcer sa résilience économique et sociale. Les efforts conjoints des gouvernements, des organisations internationales et des acteurs locaux sont essentiels pour aider Madagascar à surmonter ces défis et à créer un avenir plus stable et prospère pour ses citoyens.

20190926 - Sport Pour Tous

Et Grandir Ailleurs dans tout ça ? 

Mis à l’échelle de la situation actuelle à Grandir Ailleurs et notre association locale Grandir à Antsirabe, la complexité des défis ne se limite pas seulement à la sécurité alimentaire des enfants que nous accompagnons, mais s’étend également à nos propres employés.

Chez Grandir Ailleurs, nous considérons que le bien-être de nos salariés est aussi important que notre mission principale envers les enfants des rues. Nos valeurs ne se limitent pas uniquement aux actions auprès des enfants, mais imprègnent également l’organisation et la manière de travailler avec nos collaborateurs et partenaires.

Face à la montée des prix des denrées alimentaires, nous avons constaté une pression croissante sur le budget alloué aux repas des enfants ainsi qu’aux avantages sociaux de nos employés. Cette situation nous a amenés à réfléchir à des solutions innovantes pour garantir la sécurité alimentaire de tous, y compris de nos employés.

Heureusement, grâce à nos partenaires dévoués et à l’engagement de notre équipe, nous avons pu mettre en place un programme de sécurité alimentaire en 2021. Ce programme a été rendu possible grâce au soutien précieux de Monde par la main, de Bobbies, du Département Seine-Saint-Denis et, plus récemment, de l’association SAKAFO. Cultiver nos propres denrées est devenu un enjeu crucial dans notre démarche.

Il peut parfois sembler difficile de justifier le lien entre la protection des enfants des rues et notre projet agricole interne. Cependant, ce lien est étroitement lié à notre vision globale.

En visant l’autonomie alimentaire, nous pouvons faire face à la hausse du pouvoir d’achat et des prix des produits de première nécessité, l’objectif à terme étant de couvrir le budget alimentaire de l’association locale.

Cette démarche nous permet non seulement de garantir l’autosuffisance alimentaire des enfants accompagnés par l’association, en leur fournissant des repas sains et équilibrés et en les initiant aux techniques agricoles, mais aussi de diversifier les revenus de notre association locale et ainsi favoriser son autonomie financière. 

DanseLaRue

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