Notre histoire : de 2007 à 2015

20.10.23 | Grandir Ailleurs

2007 à 2015 : la genèse

1. Création d’activités sociales à Madagascar et développement de l’ancrage local en France

Grandir à Antsirabe

En 2007, suite à un diagnostic initial qui a mis en évidence la grande vulnérabilité des enfants en situations de rue à Antsirabe (région Vakinankaratra) Grandir Ailleurs s’est associée avec des professionnels malgaches pour créer l’association de droit malgache Grandir à Antsirabe, avec pour objectif d’œuvrer à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes en situations de rue, âgés de 11 à 18 ans.

Dans le cadre d’un projet d’insertion socioprofessionnelle des jeunes en situations de rue, un premier internat accueillant 16 garçons encadrés par cinq éducateurs, a été créé.

En réponse aux besoins exprimés par les autorités locales et après un nouveau diagnostic réalisé en 2008, un second internat fut mis en place pour accueillir 15 jeunes filles encadrées par cinq nouveaux éducateurs qui viennent alors renforcer l’équipe existante.

En 2008, désireuse de prendre part au développement social durable de la commune, Grandir Ailleurs accompagne Grandir à Antsirabe dans la mise en place d’un programme de développement local qui comprend notamment la réalisation de chantiers de construction et réhabilitation d’infrastructures éducatives et sociales (écoles primaires publiques…).

Pour s’assurer de la pertinence et de l’impact de ses activités, Grandir à Antsirabe s’est également inscrite dans une démarche de travail en réseau, d’abord en mettant en place une collaboration avec les autorités locales impliquées dans le secteur de la protection de l’enfance, puis en intégrant l’Organisation de la Société Civile d’Antsirabe Pour l’Enfance (OSCAPE).

L’OSCAPE

La crise politique qui a suivi le coup d’État de 2009 a eu un impact majeur sur l’organisation des institutions locales, marquées par la nomination de nouveaux responsables et la restructuration des de leurs services. Dans ce contexte d’instabilité politique, les acteurs de la société civile se sont retrouvés isolés et fragilisés ; le réseau SAHAZA, réseau institutionnel de la ville d’Antsirabe contre le travail et la prostitution des enfants, qui regroupait normalement les acteurs publics et privés de protection de l’enfance d’Antsirabe, a été restructuré lui aussi et n’a pu jouer son rôle.

Ainsi, il a paru nécessaire à Grandir Ailleurs de réunir les divers acteurs de la société civile autour d’une structure qui favoriserait une mutualisation des expériences et un renforcement des capacités locales : c’est ainsi qu’est apparu le programme de renforcement des capacités de la société civile contre l’exclusion et pour l’enfance, porté par l’OSCAPE.

En activité depuis 2009 et officiellement créé en 2011 à l’initiative de Grandir Ailleurs, l’OSCAPE est un réseau local d’associations connecte, informe et forme les associations œuvrant pour l’enfance vulnérable à Antsirabe. La plateforme est aussi née suite aux constats suivants : 

  • Les associations antsirabéennes ne se connaissent pas, ce qui les conduit souvent à proposer des prestations similaires : il existe des doublons aussi bien en termes de critères de prise en charge que de critères de non-prise en charge ;
  • Souvent, ces associations manquent d’expertise ainsi que de moyens techniques et financiers, ce qui impacte directement la prise en charge des bénéficiaires. Elles sont donc demandeuses de formations professionnelles ainsi que d’ateliers d’échanges de pratiques et de savoirs pour renforcer leurs capacités.

L’OSCAPE a pour objectif d’améliorer la qualité de la prise en charge des enfants pris en charge par ses membres, en améliorant les compétences techniques du personnel de ses membres, d’une part, et en encourageant la collaboration interassociative, d’autre part. 

Mano OSCAPE

En France : développement de la vie associative

Parallèlement à la création et à la mise en œuvre des activités sociales à Antsirabe, Grandir Ailleurs a aussi développé en France :

  • Un volet de sensibilisation en proposant dans les établissements scolaires des ateliers d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale (ECSI) ;
  • Un programme d’activités génératrices de revenus comprenant les agences de voyages solidaires Grandir Aventure et Grandes Latitudes, ainsi que la participation à des évènements locaux de récolte de fonds (marché de Noël, carnaval de Noisy-le-Grand, etc.).
    Concrètement, à travers leur fonds de développement, Grandir Aventure et Grandes Latitudes reversent, pour chaque séjour solidaire, 5% du prix pour les projets sociaux des pays visités.

2. Une mutation nécessaire du projet

Grandir à Antsirabe : des résultats encourageants mais un recentrage nécessaire

Les jeunes accueillis au sein des internats ont été scolarisés et ont bénéficié de formations professionnelles, ainsi que d’un accompagnement individuel pour trouver un emploi et devenir autonome. Les résultats obtenus ont été supérieurs aux résultats attendus : alors que l’objectif initial était que 66% des jeunes sortis dans l’année aient un degré d’insertion moyen ou élevé16, en 2013 ce chiffre a atteint 83%, 100% en 2014 et 75% en 2015. Dans le même temps, afin d’assurer la pérennité des activités, Grandir Ailleurs a initié en 2012 la mise en place d’un programme d’activités génératrices de revenus pour Grandir à Antsirabe. C’est ainsi que la société malgache Rencontre avec Dago fut créée ; elle comprenait alors une agence de voyages solidaires, une boutique d’artisanat et une maison d’hôtes à Antsirabe, ainsi qu’une activité de community management17. Pour ce qui est des retombées du projet, malgré de bons résultats, un constat a été fait par l’équipe-projet locale : un manque d’impact du projet auprès de la catégorie d’enfants la plus en danger et initialement ciblée, à savoir les enfants de la rue, qui vivent dans la rue de jour comme de nuit. Un diagnostic établi en 2014 a révélé que sur 13 enfants accueillis en 2014, seuls deux – soit 15% des effectifs – étaient des enfants de la rue et onze étaient des enfants issus de familles en situations de grande pauvreté. Les enfants de la rue, contrairement aux enfants majoritairement pris en charge au sein des internats, sont en rupture partielle ou totale avec leur famille. Livrés à eux-mêmes, ils sont particulièrement exposés à divers phénomènes qui compromettent leur développement voire leur survie, et ils n’ont pas ou peu accès aux soins de santé, à l’alimentation, à l’éducation ou encore au logement. Donc, entre 2007 et 2015, l’action de Grandir Ailleurs et Grandir à Antsirabe n’a finalement pas été axée directement sur la prise en charge des enfants de la rue : les associations sont principalement intervenues en amont, dans le cadre d’actions préventives visant à éviter l’arrivée en rue de leurs bénéficiaires.

 

L’OSCAPE : un développement ralenti par un manque de ressources et de visibilité

Si les formations, par exemple, ont permis aux associations de réduire leurs dépenses en frais de formations professionnelle ainsi qu’une amélioration des pratiques en termes de transmission des messages auprès des adolescents, l’OSCAPE a néanmoins connu une période d’inactivité entre juillet 2012 et septembre 2014, en raison d’un manque de moyens humains et financiers.

En effet, l’OSCAPE ne disposait pas de personnel et de budget propres. Les associations membres étant aussi accaparées par leurs activités quotidiennes, leur degré d’investissement était moindre. De plus, le manque de visibilité de l’OSCAPE rendait plus ardue la recherche de partenaires financiers de long terme, y compris à l’échelle locale.

Cette insuffisance des ressources financières a notamment entravé la mise en place de partenariats avec des médecins généralistes et spécialistes : les associations se rendent majoritairement dans les centres de santé de base où les coûts sont moindres.

Une véritable structuration locale et le développement de la recherche de financements se sont révélés être impératifs pour améliorer les services proposés aux membres et à leurs enfants bénéficiaires, ainsi que pour assurer la pérennité du projet. Face à ces constats, une mutation du projet s’est imposée aussi bien à Madagascar qu’en France.

L’objectif : garantir la pertinence, l’efficacité, l’impact et la pérennité des projets sociaux locaux en accompagnant Grandir à Antsirabe et l’OSCAPE vers l’autonomisation, d’une part, et en accélérant la démarche de professionnalisation de Grandir Ailleurs, d’autre part.

À suivre…

Les derniers articles

Sortie avec les jeunes de l’accompagnement social

Le 17 février 2024, l'équipe de l'Accompagnement Social (AS) a organisé une journée spéciale pour les jeunes et les enfants pris en charge à Antsirabe. On vous raconte ! La journée a débuté à 8h30...

Notre histoire : de 2015 à 2020

2015 à 2020 : mutation du projet À Madagascar : vers l’autonomisation de Grandir à Antsirabe et de l’OSCAPE Soutien au renforcement des capacités locales Associations malgaches, Grandir à Antsirabe...

DEPUIS, ILS ONT GRANDI… Nanja

Depuis la création de Grandir à Antsirabe, notre partenaire à Madagascar, plus d’une centaine d’enfants ont été accompagnés par l’association jusqu’à leur réinsertion. À travers une série...

Notre histoire : de 2007 à 2015