2015 à 2020 : mutation du projet
À Madagascar : vers l’autonomisation de Grandir à Antsirabe et de l’OSCAPE
Soutien au renforcement des capacités locales
Associations malgaches, Grandir à Antsirabe et l’OSCAPE ambitionnaient d’être des acteurs à part entière du développement local.
Par ailleurs, Grandir Ailleurs était convaincue que le développement passe par le soutien à des programmes et projets répondant à des besoins réels identifiés par les organisations de la société civile (OSC) locales et mis en œuvre par ces mêmes organisations. Un glissement des rôles et des responsabilités a donc été opéré.
En adoptant une posture d’appui technique et financier de ses partenaires locaux, Grandir Ailleurs entendait s’inscrire dans une logique reposant sur les valeurs suivantes :
- Autonomie des projets : nous insistons sur notre rôle d’appui, l’idée étant de ne pas « faire à la place de » ;
- Pertinence des projets : les objectifs fixés et stratégies adoptées doivent être conformes aux besoins et attentes des bénéficiaires ciblés, et être adaptés au contexte local.
Grandir Ailleurs a ainsi appuyé Grandir à Antsirabe et l’OSCAPE dans le renforcement de leurs équipes ainsi que de leurs capacités fonctionnelles et techniques.
En effet, bien que les ressources financières soient indispensables, elles ne suffisent pas à garantir un développement socioéconomique et humain durables : une organisation opérationnelle et efficace, ainsi que des collaborateurs qualifiés et compétents, sont nécessaires pour qu’une structure puisse planifier, implémenter et assurer le suivi-évaluation de ses stratégies de développement.
Dans cette perspective, l’OSCAPE a été renforcée, pour commencer, avec le recrutement d’un coordinateur permanent puis d’un responsable des opérations. De plus, les salariés de Grandir à Antsirabe et de l’OSCAPE ont pu bénéficier de formations continues via l’instauration de partenariats avec d’autres structures.
Le renforcement des capacités étant un processus de longue haleine, des salariés, volontaires, bénévoles et stagiaires français ont également été mis à disposition par Grandir Ailleurs jusqu’à fin 2020 ; dans une optique de transfert de compétences, ils ont accompagné et formé le personnel local de Grandir à Antsirabe et de l’OSCAPE dans divers domaines : accompagnement familial, montage et gestion de projet, recherche de financements, création d’outils de suivi, gestion financière, etc.
Appui au développement d’un Programme de Protection des Enfants des Rues (PPER)
Parallèlement à sa restructuration, Grandir à Antsirabe a redéfini ses objectifs et donc son principal projet. Le diagnostic réalisé en 2014 ayant révélé qu’il n’existait aucune structure d’accueil d’urgence pour les enfants de la rue âgés de plus de 10 ans, Grandir à Antsirabe a fermé les portes des internats et mis sur pied un Programme de Protection des Enfants des Rues (PPER), afin de répondre spécifiquement aux besoins des enfants de la rue tout en augmentant la capacité d’accueil des bénéficiaires. Avec pour objectif de contribuer à garantir les droits fondamentaux des enfants des rues, ce programme comprenait initialement cinq dispositifs :
- Les Activités Jour : activités ludiques et éducatives, la bibliothèque mobile, l’atelier de danse et le cinéma en plein air, se déplaçaient chaque semaine dans un quartier défavorisé d’Antsirabe pour proposer aux enfants de la rue un accès aux loisirs et à la culture. Si Grandir à Antsirabe y a mis un terme en 2022 en raison d’une désormais faible présence des enfants de la rue aux activités, elles ont toutefois permis de faire connaître l’association et d’établir un lien de confiance durable avec les populations et les autorités locales ;
- L’Équipe Mobile d’Aide : composée de trois éducateurs et d’une infirmière, c’est la seule équipe locale qui effectue deux maraudes nocturnes hebdomadaires pour proposer aux enfants de la rue un suivi médical, éducatif et social directement sur leur lieu de vie ;
- Le Centre d’Hébergement Temporaire : tous les soirs et tout au long de l’année, il accueille les enfants de la rue âgés de 8 à 16 ans et répond à leurs besoins les plus vitaux : se nourrir, se laver, se vêtir, être écouté et dormir à l’abri des dangers de la rue ;
- L’accompagnement social vise à aider les enfants accueillis au CHT à renouer avec leur famille. Si la réintégration familiale s’avère impossible, alors les bénéficiaires concernés sont soit orientés vers d’autres structures de prise en charge, soit ils peuvent entamer une formation professionnelle prise en charge par Grandir à Antsirabe ;
- L’Externat : ce dispositif visait à accompagner les anciens pensionnaires de l’Internat jusqu’à ce qu’ils acquièrent une complète autonomie. Il a pris fin en 2020, tous les jeunes suivis étant désormais autonomes.
Appui à la redynamisation du projet de renforcement des capacités des OSC locales de protection de l’enfance vulnérable
Pour atteindre son objectif d’amélioration de la qualité de la prise en charge des enfants vulnérables à Antsirabe, l’OSCAPE a donné un nouvel élan à son projet de renforcement des capacités de la société civile pour l’enfance.
Conjointement au renforcement de ses moyens humains et matériels20, elle a redynamisé et repensé son projet pour tenter de mieux répondre aux principales problématiques des associations antsirabéennes de protection de l’enfance. Ainsi, sur la base d’une évaluation des besoins réalisée en 2015 auprès de ses membres, l’OSCAPE a augmenté la fréquence et la variété de ses activités.
Une multiplication des formations professionnalisantes, des ateliers d’échanges et des rencontres interassociatives
L’OSCAPE s’étant progressivement constitué un réseau de formateurs issus d’organismes spécifiques ou bénévoles spécialisés dans un domaine d’expertise21, des ateliers de formation thématiques de courte durée (une matinée ou une journée) et de longue durée (trois jours) ont été mis en place deux fois par an.
Des ateliers portant sur des thèmes divers et variés ont depuis été proposés : communication ; montage et budgétisation de projet ; prise en charge d’enfants en difficultés ; gestion de crise ; accueil des enfants en situation de handicap ; dépistage et prise en charge de l’autisme ; accompagnement à l’insertion professionnelle des jeunes ; etc.
En plus des formations, l’OSCAPE organise deux ateliers annuels d’échanges de pratiques et savoirs : c’est l’occasion pour le personnel des associations membres d’échanger sur les problématiques rencontrées dans le cadre de leur travail. Certaines de ces problématiques sont transversales à toutes les associations (ex : l’insertion professionnelle des bénéficiaires) : les ateliers permettent donc aux structures présentes d’échanger leur expérience respective, mais aussi de partager leurs conseils et recommandations.
2. En France, une accélération du processus de professionnalisation
Pour appuyer au mieux ses partenaires malgaches dans la réponse aux problématiques identifiées sur le terrain, Grandir Ailleurs a accéléré sa démarche de professionnalisation. Entamée en 2009 avec le recrutement des premiers salariés, sa poursuite s’est révélée nécessaire étant donné l’ampleur prise par les projets soutenus à Madagascar, notamment en termes de budget.
Pour contribuer à assurer la pérennité des projets, l’association a redéfini ses orientations stratégiques, à savoir : outre la poursuite des AGR, l’enjeu était également de développer les dons en ligne, mobiliser des mécènes et augmenter la part des subventions – publiques et privées – dans les recettes. Dans cette optique, Grandir Ailleurs a restructuré sa communication et développé la recherche de financements ainsi que le volet de suivi-évaluation des projets.