Nouvelle activité : du football pour les enfants du CHT !

1.08.19 | Grandir à Antsirabe

Depuis la fin du mois de juin, l’ambiance est légèrement différente à Antsirabe, il y a comme un soupçon d’électricité dans l’air… Le 21 juin a en effet débuté la 32ème édition de la CAN, la Coupe d’Afrique des Nations de football. C’est un grand moment pour tout Madagascar : pour la première fois de son histoire, l’équipe nationale participera au tournoi ! De quoi éveiller des vocations chez certain.e.s… Alors, les enfants du CHT, futures recrues des « Bareas » ?

Première séance ⚽ : le jeudi 11 juillet

Rendez-vous est donné au Centre d’Hébergement Temporaire (CHT) de Grandir à Antsirabe. Mise en place à l’initiative de Princia et Sylvain, tous deux stagiaires au CHT, l’activité football vise à compléter l’offre proposée par le CHT aux enfants : jusque-là, il n’y avait pas de pratique sportive. 

L’heure de rendez-vous est fixée à 13h mais, dès 12h30, on peut déjà entendre les cris de plusieurs enfants dans la cour, devant le CHT : ils se bousculent devant la pompe afin de se laver. Eh oui, une première condition pour participer à l’activité : être propre avant de partir. 

Les enfants affluent jusqu’à 13h30, l’heure du départ : portés par l’effervescence générale « Barea » (le surnom affectueusement donné à l’équipe nationale malgache, il signifie « zébu »), ils ont attendu ce moment toute la semaine et sont TRÈS impatients à l’idée de commencer à jouer !

Avant toute chose : explication des règles et échauffement

Les 19 enfants sont très excités sur le chemin qui mène au terrain FOFAMA : à peine arrivés, ils se précipitent sur le ballon et commencent à tirer dans tous les sens, de vraies piles électriques ! Un gros travail de discipline s’annonce pour les éducateurs, qui doivent hausser le ton pour se faire écouter : un petit point est d’abord fait sur les règles du jeu, puis place à l’échauffement. Deuxième règle : pas d’échauffement, pas de ballon ! Tout le monde se met en rond, on réveille en douceur les articulations ; puis la petite troupe trottine autour du terrain.

 

Ça y est, tout le monde est musculairement prêt, on peut faire les équipes ! Les enfants sont partagés en deux groupes, celui des « petits » et celui des « grands » : ce qui, évidemment, n’est pas du goût des « petits », profondément vexés d’être qualifiés ainsi ! Malgré les moues boudeuses et protestations nombreuses, les éducateurs restent fermes et distribuent les maillots, verts et violets, qui différencieront les deux équipes. Une fois le calme (enfin) revenu, on peut commencer à jouer.

Du jeu… Et de riches apprentissages !

Ce sont les « petits » qui ouvrent le bal (ou la balle ?). Sur la touche, les « grands » trépignent, ils ont tellement hâte de jouer ! Apprendre à composer avec son impatience et sa frustration, voilà un premier enseignement intéressant. Pendant ce temps, sur le terrain, c’est l’anarchie ! Les joueurs se ruent sur le ballon et courent dans tous les sens ; les règles expliquées quelques minutes auparavant se sont envolées loin, très loin dans le ciel bleu d’Antsirabe…

Leur vie en rue n’a pas habitué ces enfants à se plier à des contraintes : sur le terrain, c’est flagrant. L’arbitre signale une « main », un joueur lui répond : « dans notre jeu, il n’y a ni main ni faute ! Allez, on continue ! »… Ce qui n’est pas vraiment du goût des éducateurs, attentifs à maintenir le cadre ! À côté de cela, c’est un plaisir de les voir se prendre au jeu, se défouler et s’amuser ensemble. Les équipes ont même été conçues de manière à ce que des enfants qui se chamaillent au CHT se retrouvent à devoir jouer ensemble : au début, on sent la réticence à se passer le ballon… Mais, pour résister aux attaques de l’équipe adverse et marquer un but, pas le choix : il faut dépasser les querelles internes ! À tel point qu’à la mi-temps, ce sont de vraies équipes professionnelles qui, chacune dans son coin, mettent au point leur stratégie.

Un goûter pour conclure… En attendant la prochaine fois !

Les matchs se terminent par un petit goûter : jus, brioche et yaourt pour tout le monde, même pour les spectateurs. Aucune trace de fatigue chez ces enfants dont l’énergie inépuisable pourrait chauffer tout Antsirabe ! Les enfants qui fument avouent tout de même se sentir bien essoufflés et évoquent l’idée de calmer leur consommation : en voilà une bonne idée ! 

L’activité se clôture sur une petite animation qui permet à chaque enfant de se présenter à l’assemblée : chacun.e dit son nom et l’accompagne d’un petit geste. Le reste du groupe reprend le nom et le geste en chœur : une très bonne manière de travailler l’expression individuelle et en public, ainsi que la cohésion de groupe ! Tout le monde reprend ensuite, avec force et enthousiasme, le joyeux cri de guerre : « zay Barea, alefa Barea ! », ce qui signifie « allez les Bareas ! ». Eh oui, les Bareas, les vrais, jouent le soir même en quart de finale contre la Tunisie : ils auront bien besoin du soutien de leurs jeunes supporters !

Bienfaits physiques, psychologiques et comportementaux : un bilan plus qu’encourageant

Un grand bravo à Princia et Sylvain, pour l’organisation et la mise en place de cette activité : une vraie réussite sur de nombreux plans ! Ils ont tout d’abord su profiter de l’enthousiasme ambiant suscité par la CAN et intégrer les enfants des rues, par cette nouvelle activité, à la ferveur populaire : pour des enfants habituellement stigmatisés par le reste de la population, cela peut améliorer leur sentiment d’appartenance à la société. Les bienfaits de la pratique régulière d’un sport, sur le corps comme sur l’esprit, ne sont, quant à eux, plus à démontrer. 

Enfin, au-delà de la pratique du football à proprement parler, ce sont des qualités humaines que les enfants peuvent travailler et développer grâce à cette nouvelle activité : apprendre la patience, gérer la frustration, suivre les règles, travailler ensemble et viser un objectif commun, trouver sa place dans un groupe, communiquer avec ses coéquipiers. Et la création d’une équipe de football Grandir à Antsirabe permettra certainement de souder les liens entre tous les joueurs, qu’ils soient « petits » ou « grands » 😉 !

La séance suivante du jeudi 18 juillet a réuni 32 enfants : que de succès ! Et ce, malgré la défaite des Bareas et leur élimination de la CAN 🙁 L’activité football sera donc poursuivie et se tiendra deux fois par mois.

Je m’appelle Todisoa, j’ai 17 ans

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« Je m’appelle Todisoa, j’ai 17 ans et j’ai vécu dans la rue pendant 5 ans avant de rejoindre Grandir à Antsirabe. La vie dans la rue Je travaillais comme porteur au marché Sabotsy la journée, puis dans une salle vidéo le soir, et la nuit, je dormais au marché. Un...

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