Accompagnement Social : Tovo à la recherche de sa maman

14.05.18 | Grandir à Antsirabe

Tovo à la recherche de sa maman

 

Afin de respecter l’anonymat des personnes et structures citées dans le texte, leurs noms ont été modifiés.

Le 15 mars 2018 était un jour pas comme les autres pour Tovo, 17 ans, un des enfants du Centre d’Hébergement Temporaire. Accompagnés de 2 éducateurs du programme d’Accompagnement Social (AS), il partit à la recherche de sa mère à Antananarivo qui l’a abandonné alors qu’il n’était qu’un nouveau-né.

Lire aussi :  Jeudi 22 mars 2018 : l'association locale de Grandir Ailleurs inaugure son nouveau Centre d’Hébergement Temporaire !

 

Son histoire

Tovo fut repéré par l’Équipe de Mobile d’Aide lors d’une maraude en 2016 et décida d’intégrer le Centre d’Hébergement Temporaire (CHT). Les éducateurs débutèrent alors une enquête dans le but de retracer son histoire. Les premières bribes d’informations qu’ils réussirent à obtenir en interrogeant l’enfant étaient pauvres. Il est seul et ne connaît personne de sa famille. Il est arrivé en 2008 à Antsirabé et a été pris en charge par un centre de rééducation des mineurs puis par une autre association avant d’être accueilli par l’association locale de Grandir Ailleurs. Avec l’aide de ces différents centres, l’équipe récolte d’autres indices qui vinrent étoffer le dossier.

 

Début des recherches

En mars 2018, les éducateurs du CHT remarquèrent un changement de comportement chez Tovo qui devenait de plus en plus agressif envers son entourage. Il projetait d’aller à la capitale pour rechercher sa mère. Cet acte révélateur poussa l’équipe AS à redoubler d’efforts pour l’aider dans cette quête. Epaulée par le psychologue de l’association, l’équipe établit un plan d’attaque. Elle obtint un numéro, celui de Mme Velo qui a connu le jeune homme et accepta de coopérer.

Au fil des jours, les recherches s’affinèrent. Le départ pour Antananarivo était prévu pour le 15 mars 2018. A l’annonce de la nouvelle, Tovo a été grandement surpris. Une telle démarche demanda aux éducateurs de le préparer psychologiquement car les suites pouvaient s’avérer difficiles. Le jeune homme accepta et remercia par avance le geste réalisé par les encadrants.

 

Départ pour Antananarivo

Très tôt dans la matinée du 15 mars, les deux encadrants et Tovo prirent un taxi-brousse en direction d’Antananarivo.

1ère étape : le commissariat

Une fois arrivés à la capitale, ils ne perdirent pas de temps. Direction le commissariat pour rencontrer sur place Mme Velo et valider l’ordre de mission. Le policier les informa que le quartier avait beaucoup changé et que les chances de retrouver la mère biologique de l’enfant étaient infimes. Mais il en fallait plus à l’équipe pour les décourager. Mme Velo leur donna une information précieuse : Tovo a été élevé par Mme Alice pendant une partie de son enfance.

2ème étape : Recherche dans le quartier

Tous les 4 partirent à la recherche de sa première mère adoptive. Ils sillonnèrent les rues d’un ghetto de Tana et interrogèrent les habitants du quartier. Après avoir suivi plusieurs pistes en vain, ils parvinrent à localiser Mme Alice.

 

Rencontre avec Mme Alice

Ancienne prostituée, elle travaille à présent dans un restaurant comorien dans lequel ils se rendirent. Assise à même le sol et épluchant des bananes, Alice ne se souvenait, ni de Tovo, ni de Mme Velo. C’est en entendant finalement le surnom du jeune homme qu’elle les reconnut. Une vive émotion emplit la pièce. Tovo lui fit comprendre qu’il souhaitait retrouver sa mère biologique et que son aide lui serait précieuse.

 

Retour sur l’enfance de Tovo

Ensemble, ils essayèrent de retracer l’histoire du jeune homme et son génogramme. Alice raconta qu’elle avait trouvé Tovo abandonné dans un carton sur un canal alors qu’il n’avait que 4 mois. Vers l’âge de 6 ans, l’enfant fit la rencontre de Mme Anja, qui le prit sous son aile et lui paya ses frais de scolarisation. Malheureusement, les problèmes comportementaux et relationnels de Tovo l’obligèrent à le ramener à sa première mère adoptive. Elle continua néanmoins à financer ses études. A sa grande surprise, elle croisa à plusieurs reprises l’enfant traînant dans la rue. Pour le sortir de là, elle décida avec l’aide de Mme Velo de l’amener à Antsirabé et le remis au juge des enfants qui le plaça dans un centre de rééducation des jeunes mineurs.

Après cette journée riche en émotions, les encadrants et Tovo profitèrent de l’après-midi pour visiter le parc zoologique de Tsimbazaza. Tovo avoua aux éducateurs qu’il ne souhaitait qu’une chose : retrouver sa mère biologique avant même de penser à son propre avenir. Ils poursuivront les recherches après une bonne nuit de sommeil.

 

Reprise des recherches

Le lendemain, ils se rendirent à Itaosy, ville que leur a indiquée Mme Alice et où la mère biologique était susceptible d’habiter. L’information était exacte mais elle est était déjà partie au travail à Tsaralalana, quartier visité la veille. Avec l’aide des voisins, Mme Alice les conduisit finalement jusqu’à Christelle, la mère biologique de Tovo.

 

Une mère et son fils réunis

Le jeune homme pu enfin rencontrer sa propre maman ainsi que son frère Pierre et ses sœurs. Des retrouvailles riches en émotions… malgré le sentiment d’abandon éprouvé par Tovo. Christelle lui raconta alors la vraie version.

C’est elle qui a été abandonnée par ses parents dans un carton et récupérée par Mme Alice. Cette dernière l’obligea à se prostituer et Christelle tomba enceinte. Ne gagnant plus assez d’argent avec à la charge son bébé, elle décida avec un malfaiteur de dérober un homme. La victime les fit emprisonner et Tovo se retrouva dans les mains d’Alice.

A sa sortie, Christelle continua de se prostituer puis trouva un travail dans une prison en tant que femme de ménage. Pour la suite, nous la connaissons déjà.

 

Un nouvel avenir pour Tovo

Mme Velo contacta Mme Anja qui s’empressa de les rejoindre. A présent, tout le monde était réuni. Un « contrat » fut établi entre Christelle, Tovo et l’association Grandir Ailleurs. Afin de renouer les liens, la mère et l’enfant se promettent de se téléphoner une fois par semaine et de se voir tous les deux mois à Antsirabé. En juin prochain, Christelle devra proposer une solution pour accueillir son fils. Les 2 éducateurs et Tovo souhaitèrent faire un détour par le commissariat avant de rentrer sur Antsirabé. Le policier qui les avait reçus le premier jour fut surpris mais ravi du dénouement de l’histoire. En voyant la photo de Christelle, il révéla aux éducateurs l’identité du père biologique. Une nouvelle information qui promet de nouvelles recherches par les éducateurs.

Une histoire qui promet encore de belles surprises…

 

Aujourd’hui

Aujourd’hui, Tovo continue de se rendre au CHT. Il est devenu plus serein et a retrouvé confiance en lui. Il participe davantage à la vie du CHT et se projette plus facilement dans l’avenir.

Un grand bravo à l’équipe d’Accompagnement Social pour tous leurs efforts. Grâce à eux, un fils a réussi à retrouver sa mère et ainsi concrétiser un de ses plus grands rêves.

La suite cet été…

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