Les marchés d’Antsirabe sont les lieux de vie principaux des enfants en situations de rue. Ils y font des petits boulots (porteurs, dockers), récupèrent les restes de fruits et légumes qui tombent par terre (“mikafiry”) et mendient auprès des passants. Le soir, les enfants de la rue (qui vivent et dorment dans la rue) s’installent aux abords du marché pour y dormir en groupe.
Les enfants des rues souffrent d’une importante stigmatisation, de violences et de rejet de la part de la population. Toky, chargé de sensibilisation, a pour mission de faire connaître l’association et d’expliquer les problématiques de vie de ces enfants vulnérables. Il s’est donc rendu au grand marché d’Antsirabe pour y rencontrer ceux qui “tiennent la place”.
Le fonctionnement du Grand Marché d’Antsirabe
C’est le plus grand marché de l’Océan Indien : plus de 3000 commerçants (et plus de 500 marchands ambulants) s’y retrouvent chaque jour, sur une surface qui s’étend approximativement sur 4,50 Ha. Le hangar des fruits et légumes (la région du Vakinankaratra est très productive) s’étend à lui seul sur 1500m². (pour en savoir plus sur ce marché, c’est par ici) .
Le soir, tous les stands ferment, seule la sécurité a le droit de rester au sein du marché. Ils assurent le gardiennage de toutes les places. Chaque commerçant paie 100 Ar par jour (environ 0,02€) pour le nettoyage et la sécurité.
Il y a trois entités qui structurent le Grand marché d’Antsirabe :
- la Commune Urbaine d’Antsirabe (c’est l’autorité, composée du chef du Marché, un secrétaire, un régisseur et des contrôleurs pour les taxes);
- la Sécurité (avec le président, Vice-président, Secrétaire et les agents de sécurité);
- l’Association des porteurs. Cette dernière a été créée suite à de nombreuses plaintes déposées auprès du chef du marché, car des porteurs s’enfuient avec les achats lors des courses. Une association de porteurs agréés avec des badges a donc même été mise en place.
Le marché, un lieu d’insécurité pour les enfants des rues
Le marché d’Antsirabe est l’endroit où les enfants des rues viennent trouver des ressources pour survivre. Mais comme tout “business”, il existe une concurrence entre ces enfants… La sécurité du marché rapporte avoir vu dernièrement deux porteurs se battre, l’un a été blessé avec une lame de rasoir. Le chef de sécurité est toujours au courant des incidents au sein du marché : il est donc important pour l’association d’être en lien avec celui-ci.
La sensibilisation
Une dizaine de personnes était présente (autorités, sécurité…) pour la sensibilisation de Toky. Après avoir expliqué les missions de l’association, ils ont pu échanger autour du quotidien des enfants des rues à Madagascar et de leurs difficultés. Ils ont accepté de collaborer avec Grandir à Antsirabe pour partager les informations, aider à la sensibilisation, et répondre aux sollicitations de l’association en cas de nécessité.
Le chef du Grand Marché connaissait déjà l’association grâce à la page Facebook, il était donc heureux de pouvoir collaborer. Il a déjà une mission de médiateur entre les vendeurs et les enfants des rues qui volent sur les étalages. Il essaye d’arranger les conflits et d’expliquer aux enfants pourquoi il ne faut pas voler. Selon lui, il est important que les enfants des rues aient des occupations la journée. « Lorsqu’ils traînent sur le marché, ils ont toujours la tentation de voler. » Et cela rejoint bien les projets de Grandir à Antsirabe, qui met en place des activités en journée, telles que :
- l’éducation alternative
- le soutien scolaire ou les formations professionnelles mise en place par l’équipe d’Accompagnement Social
- l’activité foot
- l’activité Jeux et Loisirs
L’association rappelle que le Centre d’Hébergement Temporaire est ouvert chaque soir de la semaine pour accueillir les enfants : le responsable peut en parler aux enfants qu’il croise.
Toky repassera bien sûr régulièrement pour échanger avec les équipes du marché.