/ PORTRAIT D’ÉQUIPE / Ursula, l’infirmière aux petits soins

18.06.19 | Grandir à Antsirabe, Portraits

/ PORTRAIT / 

Affectueusement appelée « la petite fée des soins », Ursula a rejoint les équipes de Grandir à Antsirabe en tant qu’infirmière, début 2019. Au CHT comme en maraude, elle panse les bobos des enfants : du corps d’abord, mais aussi (et surtout) de l’âme.

 

Bonjour Ursula ! Peux-tu nous parler un peu de toi et de ton parcours ?

Bonjour Pamella ! Je vais avoir 27 ans, je viens d’Antsirabe et suis mère d’un petit garçon. J’ai fait mes études d’infirmière à Tananarive. Au mois d’août 2018, puis de nouveau aux mois de novembre et décembre, j’ai effectué un stage au sein de l’association Grandir à Antsirabe. En parallèle, je faisais mon stage de fin d’études à l’hôpital public « Hopitaly Atsimo », à Antsirabe. À la fin de mon dernier stage à l’association en décembre, j’ai été embauchée en tant qu’infirmière : j’ai donc signé mon tout premier contrat en janvier, ici, avec Grandir à Antsirabe !

Comment as-tu connu Grandir à Antsirabe et qu’est ce qui te motive dans son projet Mon frère Kleofasy était anciennement éducateur et responsable de l’équipe d’Accompagnement Social pour l’association. A chaque fois qu’il nous parlait de son travail, à la maison, il le faisait toujours avec amour et passion ! Il m’a vraiment sensibilisée à la cause des enfants des rues. Un jour, je lui ai donc demandé si, à tout hasard, Grandir à Antsirabe n’avait pas besoin d’une infirmière, pour prodiguer des soins aux enfants. Il a réfléchi et m’a dit : « eh bien oui, pourquoi pas ? Vas-y, envoie ton dossier, ça intéressera sûrement la maraude ou le CHT ! ».

Lorsque j’ai mis les pieds au CHT [Centre d’Hébergement Temporaire] pour la première fois, j’ai acquis une certitude : si je veux aider, la meilleure façon de le faire est de mettre mes connaissances et savoir-faire au service des plus démunis.

Peux-tu nous décrire ton travail et tes missions ? Raconte-nous une soirée au CHT !

En tant qu’infirmière, je m’occupe de tout ce qui touche de près ou de loin à la santé des enfants : on m’appelle « la petite fée des soins » ! J’accompagne l’Equipe Mobile d’Aide à la maraude tous les lundis et jeudis soir pour effectuer, si besoin, quelques petits soins médicaux « basiques ». Et je suis présente au CHT les mardis et samedis, pour un suivi médical plus poussé. Ça, c’est le planning fixé, mais si le CHT a besoin de moi un autre jour, je viens.

Une soirée classique au CHT : j’arrive à 17h, comme les enfants. Je commence par lire le cahier de passation, pour voir si nous avons un enfant malade qui aurait besoin d’un soin particulier. Ensuite, je vérifie qu’il ne manque rien dans la boite à pharmacie : des médicaments basiques comme du paracétamol ou des gouttes pour les yeux, des pansements, du coton, de l’alcool pour désinfecter etc. Je veille à ce que cette boite soit toujours complète, c’est très important. Ensuite, les enfants peuvent venir en consultation : en général, ils me sollicitent pour des petites plaies, des toux et des rhumes, des maux de ventre ou de dents ; en début d’année, nous avons eu plusieurs cas de rougeole. Si un enfant a besoin de consulter un médecin, je me charge de l’emmener à l’hôpital ou chez le dentiste.

Lorsque j’ai terminé un soin avec un enfant, je lui donne toujours un petit « conseil » sur sa maladie ou je lui raconte un cas similaire que j’ai vu ou soigné. L’objectif, c’est de lui faire comprendre l’importance de faire attention à soi et à sa santé. Au-delà de consultations pour des problèmes de santé précis, je contrôle aussi leur santé générale : je les pèse et leur donne des vitamines ou des vermifuges, par exemple.

Les enfants du CHT se comportent comme des enfants « normaux » avec moi ! Je sens qu’ils sont habitués à ma présence et me font confiance. Ils inventent même des maladies pour venir me voir ! (rires). En fait, ils ont parfois juste besoin d’être écoutés. C’est tout cela qui me motive, chaque jour, à bien faire mon travail.

Une soirée bien remplie ! Et à la maraude, tu as une routine ?

Comme au CHT, je commence par vérifier la pharmacie du véhicule. Puis, en compagnie de toute l’équipe de la maraude, nous préparons le repas ; et aménageons le petit coin soin à l’arrière du minibus.

Ma routine maraude en temps normal : j’invite les enfants malades à venir me voir ou je les observe. Ensuite, je consulte et, en cas de plaie, je leur pose ma traditionnelle question, afin de les inciter à parler : « comment est-ce arrivé ? ». Si la situation est plus grave, je fais juste un premier soin destiné à soulager l’enfant et je lui propose de venir au CHT ou lui donne rendez-vous pour aller à l’hôpital. Sans oublier mon traditionnel petit conseil ! Je décide également de la répartition des tickets ASF [Aromathérapie Sans Frontières] : ils permettent aux enfants de recevoir des soins gratuits auprès de l’association.

Mais, en ce moment, nous devons faire face à une épidémie de gale qui nécessite des soins particuliers : cela bouscule nos habitudes.

Au début, les enfants de Vatofotsy [un quartier populaire au nord d’Antsirabe] n’osaient pas nous en parler ; en fait, ils nous l’ont même cachée. C’est Noro qui a remarqué un changement de comportement chez les enfants, ils étaient plus fermés que d’habitude. Elle a insisté pour savoir de quoi il s’agissait : c’était la gale et cela faisait peur à voir.

Nous avons donc pris notre courage à deux mains et commencé les soins. D’abord, il faut laver les enfants de la tête aux pieds avec un savon spécial, en insistant particulièrement sur la zone infectée. C’est pour cette raison que l’arrière du mini-bus a été aménagé en « petit coin soin », afin de préserver l’intimité de l’enfant malade. Après la douche, il faut panser les plaies avec du baume ; puis, changer tous leurs vêtements.

Nous leur avons aussi donné du savon, afin qu’ils puissent se laver en notre absence. Nous insistons, à chaque fois, sur la gravité de cette maladie pour les inciter à bien suivre leur traitement. Les enfants guéris peuvent revenir au CHT : c’est très encourageant, pour nous comme pour les enfants encore malades, qui sont d’autant plus assidus dans leurs soins.

As-tu un souvenir qui t’a marqué, au sein de Grandir à Antsirabe ?

J’aurais plutôt un souvenir « en dehors » de l’association ! Lorsque j’ai commencé mon stage en août dernier, il était prévu que je fasse 3 mois en continu. Mais j’ai eu un contretemps : en septembre, après seulement un mois de stage, j’ai dû retourner à Tana pour passer mon examen et préparer mon mémoire de fin d’études. Et ce qui m’a marqué, une fois arrivée à la capitale, c’est que les enfants me manquaient ! Il avait fallu que je m’éloigne d’eux pour prendre conscience que je m’y étais attachée, plus que ce que je ne pensais. C’est pour cette raison qu’après mon mémoire, j’ai insisté auprès de l’association pour qu’elle me prenne à nouveau en tant que stagiaire. Et me voilà, aujourd’hui, embauchée !

Dernière question : si tu devais donner UNE qualité à avoir pour ton poste, quelle serait-elle ?

L’attention : je dois être attentive dans les soins, je dois être attentive lorsque je parle aux enfants, je dois être attentive lorsque je les écoute. Sinon, jamais ils ne me feront confiance. Et, dans mon métier, la confiance est primordiale.

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Un animal ?

Une lapine : comme elle, je suis hyperactive et je bouge vite !

Une plante ?

Un bananier, il est symbole de fertilité.

Une qualité ?

Je suis positive : je vois toujours le bon côté des choses ou de quelqu’un.

Un défaut ?

Souvent, il m’arrive de mentir…

Ta plus grande fierté ?

Malgré ma petite taille, j’ai accouché de mon fils par voie normale et non par césarienne, comme mes sœurs.

Une devise ?

« Aimer son semblable comme soi-même » : ne fais jamais aux autres ce que tu ne veux pas que l’on te fasse.

Merci beaucoup pour ce joli témoignage, Ursula ; et merci à Pamella d’avoir recueilli ces propos ! 😊

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