Habituellement, l’association Grandir à Antsirabe organise trois Activités Jour (AJ) par semaine. Actuellement suspendues en raison de la crise sanitaire, nous en avons profité pour interviewer Toky, le responsable sensibilisation. Il revient avec nous sur ce dispositif du Programme de Protection des enfants des Rues ! DanseLaRue, BiblioPousse, Cinérue, AJ préférée et moment le plus drôle : découvrez en image et dans l’article qui suit ces moments de loisirs qui plaisent tant aux enfant d’Antsirabe.
Les AJ, quezako ?
Une « AJ », c’est une Activité Jour. Trois fois par semaine, les éducateurs de Grandir à Antsirabe se rendent dans les quartiers pauvres de la ville pour y proposer des activités ludiques aux plus jeunes. Les équipes se rendent dans des lieux différents afin d’agir sur l’ensemble d’Antsirabe.
Ce dispositif est un pilier essentiel du Programme de Protection des Enfants des Rues (PPER).
En plus d’offrir un accès à la culture et un espace ludique à un public qui en est souvent privé, les trois Activités Jour permettent d’accroître la visibilité de Grandir à Antsirabe. D’abord auprès des enfants potentiellement intéressés par les services de l’association, mais aussi auprès des riverains des zones d’intervention.
Il existe trois Activités Jour : la DanseLaRue, le BiblioPousse et le Cinérue.
La DanseLaRue, se rassembler en musique
La DanseLaRue se déroule tous les mardis, en début d’après-midi. Les équipes de Grandir à Antsirabe revêtent le T-shirt de l’association, saisissent l’enceinte mobile et l’ordinateur portable, puis prennent la direction des quartiers défavorisés.
À peine arrivés sur place que les enfants accourent vers l’enceinte ! Le temps d’installer le matériel et c’est déjà plusieurs dizaines de danseurs en herbe qui trépignent, prêts à se déhancher au rythme de la musique de DJ Toky.
Les éducateurs commencent d’abord par regrouper les enfants pour un petit échauffement. Cela permet de les habituer aux bonnes pratiques physiques. Ensuite, ils diffusent la musique et tentent d’organiser une chorégraphie qui sera reproduite par tous les danseurs présents !
Ce moment permet aux jeunes de s’amuser et de se défouler : c’est un facteur essentiel dans le développement de l’enfant. L’activité physique joue en effet un rôle essentiel sur le développement psychomoteur, l’épanouissement, et la socialisation de l’enfant. C’est aussi l’occasion pour eux d’intégrer de bonnes pratiques (echauffement, vivre ensemble) et de mobiliser leur mémoire pour retenir la chorégraphie et les mouvements dansant ! Cette activité permet ainsi d’offrir un moment d’expression corporelle à tous ces enfants vulnérables.
Le BiblioPousse, un accès aux livres pour les plus vulnérables
Chaque jeudi matin, l’association sort son BiblioPousse ! Le principe ? Une bibliothèque dans un Pousse-Pousse. Hanta, responsable de l’activité, range les livres dans la bibliothèque ambulante par type : revues pour enfants, BD, histoires illustrées, il y en a pour tous les goûts !
L’objectif premier de cette activité est d’amener le livre à la rencontre de l’enfant afin de le familiariser à l’activité de lecture.
Bien souvent, les habitués sont déjà sur place à l’arrivée des éducateurs ! Ils commencent par étaler des bâches au sol pour éviter que les enfants ne se salissent. Ensuite, Toky leur demande de se mettre en file indienne pour qu’ils se lavent les mains avant de commencer l’activité. Encore une fois il s’agit de s’appuyer sur l’attractivité d’un moment ludique pour faire intégrer de bonnes habitudes aux enfants vulnérables.
Les équipes enchaînent ensuite par un temps de sensibilisation qui permet aux jeunes de s’exprimer sur des thématiques comme l’hygiène, l’amour ou l’amitié ! Une fois l’échange terminé, c’est le moment du conte. Les membres de l’association lisent alors l’histoire en y mettant les formes : mimes, intonation, l’énergie est toujours au rendez-vous ! Les enfants sont alors invités à participer avec leurs propres mimes ou en répétant des dialogues.
Pour terminer, des petits jeux sont mis en place : « la tomate », « le détective », etc… C’est toujours une bonne idée de se défouler après avoir mobilisé ses neurones !
Le Cinérue, le 7ème art au cœur des quartiers défavorisés
Pour les équipes de Grandir à Antsirabe, fin de la semaine rime avec CinéRue ! Tous les vendredis, en fin d’après-midi, elles installent un ordinateur, un écran et un rétroprojecteur dans un quartier pauvre d’Antsirabe. Fidèles au rendez-vous, les enfants sont encore une fois souvent présents avant même l’arrivée de l’association. Au final, c’est plus d’une centaine de spectateurs qui viennent assister à la projection.
Les jeunes sont particulièrement excités à l’idée de découvrir un nouveau film ! Les équipes commencent donc avec une petite animation qui vise à faire retomber l’agitation ambiante et à remettre un peu d’ordre dans l’assemblée. Toky se place face au public et ils répètent tous ensemble « Un…Deux…Trois…Chuuuut ! ».
Lorsque le calme est revenu et que tout le monde est prêt, la séance peut bel et bien commencer. Chaque semaine c’est un nouveau film qui est diffusé : Foot 2 Rue, Kun Fu Panda, l’âne Trotro, Tintin, les enfants sont toujours ravis.
Seule contrainte : la saison des pluies… Lorsque les nuages envahissent le ciel d’Antsirabe et que la pluie commence à tomber, les équipes sont contraintes d’annuler…
Cette activité permet aux enfants d’accéder à des films et des dessins animés en oubliant les problèmes de la rue le temps de quelques heures.
Des loisirs, mais pas que !
Ces activités hebdomadaires permettent de renforcer le droit aux jeux et aux loisirs des enfants vulnérables. Mais les activités sont également vectrices d’enseignements divers, prodigués de manière ludique et pratique : le savoir-vivre (calme, patience, écoute, respect de l’autre), l’hygiène, la créativité ou encore l’expression corporelle.
Concrètement, la régularité des activités apprend d’abord aux jeunes à retrouver des repères temporels. Le fait d’évoluer en groupe est quant à lui un important facteur de socialisation. L’impératif de se laver les mains avant de toucher les livres du BiblioPousse permet de sensibiliser les enfants aux règles d’hygiène.
Ces règles sont énoncées et doivent être respectées… Les enfants en situations de rue doivent donc se réhabituer à des contraintes parfois oubliées.
Enfin, ces temps forts peuvent constituer une première étape vers le chemin du Centre d’Hébergement Temporaire. Cette prise en charge pourra alors contribuer à sortir l’enfant de la rue et l’aider à retrouver un mode de vie plus adapté à sa situation d’enfant.
Ces moments de rencontres et d’échanges sont encadrés par des procédures et des rituels hebdomadaires qui permettent à l’enfant d’évoluer dans un cadre réglementé. Le respect du matériel et d’autrui imposé par les équipes est par exemple un bon moyen de familiariser ces jeunes aux règles de vie en société.
Ces activités ont lieu en journée et permettent d’éloigner les enfants de certaines activités propres aux situations de rue comme la mendicité ou les petits boulots.
Enfin, des intervenants extérieurs peuvent être ponctuellement présents et sensibiliser les enfants à des thématiques particulières.
« L’organisation de jeux, d’activités culturelles et artistiques, permet de sortir l’enfant ou le jeune de la logique de survie en rue qui ne lui laisse que très peu de temps pour les activités ludiques. Ce type d’activité peut parfois, mieux que la scolarité ou l’apprentissage, susciter un désir d’insertion, de sortie de rue ». Samusocial international
L’impact de la vie dans la rue sur les enfants : le processus de désocialisation
Privés de leurs repères sociaux ordinaires, les enfants des rues à Madagascar voient leur rapport au temps, à l’espace, aux autres et à eux-mêmes profondément modifié.
Le mois de l’enfance célébré avec des jeux traditionnels à Antsirabe
Pour célébrer le mois de l’enfance, le Centre Culturel LOVASOA 4C, en partenariat avec Rajery Valiha, un chanteur et compositeur renommé ainsi qu’un ambassadeur de la culture malagasy et de la musique traditionnelle avec le valiha, a organisé un événement en faveur des enfants.
Le parcours d’un enfant de la rue avec l’association
Notre association locale Grandir à Antsirabe œuvre depuis plusieurs années pour offrir aux enfants des rues une chance de se réinsérer dans la société. À travers un parcours structuré et diversifié, l'association apporte une aide précieuse et multifacette, allant des...
Sortie à Betafo pour les jeunes bénéficiaires
Antsirabe, 1er juin 2024 - Dans le cadre de leur programme trimestriel d'activités, les jeunes de l'Accompagnement Social ont participé à une sortie éducative à Betafo. Le groupe de 25 jeunes, composé de 4 jeunes en réinsertion familiale, 6 jeunes scolarisés et 14...
Formation médicale au CHT avec Anaïs et Clara
Anaïs et Clara, infirmières, ont récemment effectué une mission à Antsirabe, Madagascar. Leur objectif était d'apporter leur expertise médicale à différentes structures locale. Pendant leur séjour, elles sont passé par Grandir à Antsirabe. Formation premiers secours...
Les droits oubliés des enfants de rues
Les enfants des rues à Madagascar sont une réalité qui persiste malheureusement dans le pays. Ces enfants, souvent livrés à eux-mêmes, vivent dans des conditions précaires, sans pouvoir répondre à leurs besoins fondamentaux tels que l'alimentation, l'éducation et la...