SOLIMEDA, c’est l’association de solidarité des étudiants en médecine d’Amiens qui assure des ateliers de prévention autour de l’hygiène et la santé. Pendant un mois, une dizaine d’étudiants a élu domicile à Antsirabe pour mener des sensibilisations auprès des enfants du Centre d’Hébergement Temporaire de Grandir à Antsirabe.
Un projet et des équipes de long terme
Sur l’ensemble du groupe SOLIMEDA, la moitié est en 3ème année de médecine : ces étudiants sont déjà intervenus à Antsirabe en 2017 et 2018, auprès de l’association Zazakely. L’autre moitié est en 2ème année, c’est la relève : ils savent déjà qu’ils reviendront à Antsirabe l’année prochaine, auprès de Grandir à Antsirabe. L’objectif pour l’association est de travailler deux ans auprès d’une même structure et en conservant une partie de l’équipe : cela leur permet de mener des projets à long terme, d’assurer un suivi des préventions et une transmission de l’information entre les membres des associations française et malgache.
Des interventions adaptées aux différents publics ciblés
Les thèmes choisis et les formats de présentation sont spécifiques à chaque public. Sur deux après-midi, les éducateurs sont formés à l’« éducation sexuelle » et à la « prévention alcool, drogues, tabac » : pour les cuisinières de Grandir à Antsirabe est dispensé un atelier sur l’« hygiène alimentaire » ; enfin, toute l’équipe de l’association est formée au « secourisme ».
Les enfants du CHT, quant à eux, sont sensibilisés à quatre thèmes : « prévention alcool, drogues, tabac », « éducation sexuelle », « puberté » et « hygiène corporelle ». A l’occasion de cette dernière intervention a été abordé le sujet de la gale, qui a largement touché les quartiers Nord d’Antsirabe, ces derniers mois.
Aude, éducatrice spécialisée en appui technique aux équipes du CHT, a suivi l’ensemble des sensibilisations :
« A l’origine, les sensibilisations s’adressaient principalement au CHT, aux éducateurs et enfants. Mais pour la formation secourisme, on s’est dit que c’était un sujet qui pouvait concerner tout le monde : une brûlure, quelqu’un qui s’étouffe ou fait un arrêt cardiaque, cela peut arriver n’importe où, pas qu’au CHT. C’était chouette et cela a intéressé tout le monde.
Lors des interventions auprès des éducateurs, il y a eu beaucoup d’échanges. Nous avons pu aborder et déconstruire certaines croyances, par exemple celle que le préservatif rende impuissant. Les participants ont osé poser des questions, il n’y avait pas de tabou et ça, c’était vraiment super.
Pour les enfants, SOLIMEDA a adapté le format de l’intervention
Jamais plus d’une heure et, selon les thèmes, petits et grands étaient séparés : d’abord parce que 25 d’un coup, ça fait beaucoup ! Et aussi parce que les notions abordées avec les petits restent simples ; avec les grands, on est allé plus loin. Les étudiants encourageaient les enfants à participer, en leur posant des questions ; mais en insistant sur le fait qu’il n’y avait aucun tabou ou aucune honte à avoir, qu’ils étaient là non pour les juger mais pour les aider.
La sensibilisation sur l’hygiène, en particulier, s’est montrée particulièrement d’actualité : à cause de l’épidémie de gale, les enfants ne venaient plus au CHT. Nous avons d’abord expliqué l’importance de se laver tout le corps pour éviter la saleté et donc, les maladies. Nous leur avons montré des photos et vidéos de bactéries, de champignons et même de parasites, comme celui responsable de la gale. Au moins, maintenant, ils savent ce que c’est : c’est important de pouvoir se représenter les choses, ça les rend plus concrètes.
Puis, on est passé à la partie pratique. On leur a montré les zones du corps sur lesquelles insister et comment se laver correctement : les mains, les dents, les fesses après être allé aux toilettes. Bref, plusieurs petites choses qui ne s’inventent pas et sont loin d’être anodines. Nous travaillons également beaucoup avec les éducateurs du CHT pour qu’ils soient très attentifs au moment de la douche : certains enfants gardent leur short et ne se lavent donc pas les parties intimes. C’est un problème, car beaucoup de maladies s’attrapent à ce niveau-là. Enfin, nous avons insisté sur l’importance de « faire avec ce que l’on a » : par exemple, c’est bien d’avoir du savon pour se laver, mais s’il n’y en a pas, c’est toujours bien de se laver à l’eau. C’est important de toujours adapter son discours aux enfants de la rue et à leurs ressources. »
Du côté SOLIMEDA, même enthousiasme !
« Nous avons fait deux groupes de sensibilisation : l’un pour les éducateurs, l’autre pour les enfants, pour assurer une continuité des interlocuteurs à travers les différents ateliers. Les éducateurs avaient beaucoup de questions, cela se voyait qu’ils avaient envie d’apprendre !
Lors de notre première intervention auprès des enfants, nous avons été surpris de voir à quel point ils s’amusaient au CHT. La sensibilisation sur les enfants des rues à laquelle nous avons assisté nous a d’ailleurs permis de changer notre regard sur eux : grâce au jeu de rôle, nous avons pu nous imaginer à leur place. Nous avons réalisé que cela nous avait vraiment touché et changé.
Pour les enfants, il nous a fallu modifier le format habituel de notre intervention, trouver des moyens plus ludiques et imagés pour capter leur attention. Nous avons ressenti beaucoup d’intérêt de leur part et leurs questions étaient souvent très pertinentes. Nous espérons avoir réussi à nous adapter à eux ; et qu’ils ont bien compris les messages que nous avons voulu leur faire passer. A ce sujet, nous remercions vivement les membres de l’association qui étaient présents pour assurer le rôle de traducteurs auprès des enfants ; ou même, compléter nos explications si besoin.
Nous avons tous adoré venir travailler ici, nous avons senti un vrai échange entre les deux associations : vivement l’année prochaine ! »
Des sujets au cœur du quotidien des enfants des rues et des actions du CHT
Selon Aude, « toutes ces interventions s’inscrivent vraiment dans la continuité de ce qui est fait quotidiennement au CHT, comme l’éducation sexuelle assurée par Nandrianina tous les mois ; et des différentes actions mises en place ponctuellement, comme la récente sensibilisation sur les soins dentaires animée par un voyageur.
De toutes façons, sur ces sujets, il faut répéter. Et ça marche ! Les enfants intègrent et finissent par savoir beaucoup de choses, parfois même plus que ceux qui vont à l’école ! Malheureusement, c’est aussi parce que ce sont des problématiques très concrètes pour eux. L’alcool, le tabac, le sexe : ces sujets-là, ils les vivent au quotidien et très jeune, parfois dès 10 ans. Et cette « avance » a des effets visibles, par exemple, un retard de croissance. En effet, nous constatons que les enfants du CHT sont en moyenne plus petits que les enfants qui ne côtoient pas la rue.
Nous pouvons tirer un bilan très positif de ces interventions. Enfants comme éducateurs ont manifesté beaucoup d’intérêt, nous avons eu beaucoup de questions et une belle liberté dans les échanges ; et les supports visuels ont bien marché, ils ont rendu les interventions vivantes et les concepts plus concrets.
Les étudiants de SOLIMEDA ont fourni à Grandir à Antsirabe tous leurs supports : c’est super, on va pouvoir les réutiliser régulièrement pendant l’année, d’autant que les enfants du CHT changent souvent. Et pour ceux qui les auront déjà vu, cela servira de piqure de rappel ! »
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