La sensibilisation : un puissant outil de lutte contre la discrimination

28.08.20 | Centre de Ressources, Grandir à Antsirabe

Notre partenaire local Grandir à Antsirabe prend en charge les enfants des rues afin de les conduire vers la réinsertion. Les nombreuses actions de sensibilisation organisées permettent d’accroître le spectre de notre action en dehors des locaux de l’association. L’objectif est de pousser la société civile à protéger et à considérer l’ensemble des enfants vulnérables. Pas seulement les bénéficiaires de Grandir à Antsirabe. C’est d’abord pour cette raison que la sensibilisation représente un enjeu majeur pour l’ensemble des enfants.

La sensibilisation, un enjeu majeur pour l’enfance vulnérable

Selon le dictionnaire Larousse, « sensibiliser » consiste à « rendre quelqu’un, un groupe sensible, réceptif à quelque chose pour lequel il ne manifestait pas d’intérêt ». La sensibilisation, c’est donc d’abord informer un public qui, à priori, n’est pas particulièrement sensible à la cause défendue.

Ces actions peuvent s’appuyer sur différents supports : les réseaux sociaux, la presse, le contact de rue ou encore les réunions d’information.  Peu importe le moyen, le but est avant tout de susciter l’intérêt de l’interlocuteur, de le convaincre de l’importance de la thématique abordée !

salle comble et rétroprojecteur
Explication sur les précautions sanitaires

Les enfants des rues font assez largement l’objet de discrimination. Ils sont perçu.es comme des voleurs.euses par une importante partie de la population. Cette stigmatisation provient d’une méconnaissance de leur situation. Ces jeunes font donc l’objet de rejet, ce qui a pour conséquence un repli sur soi et un attachement à la rue encore plus important et difficile à surpasser.

De plus, cette violence d’indifférence et de rejet par les autres conduit l’enfant à être méfiant vis-à-vis des adultes. C’est pourtant eux qui seront en mesure de l’aider.

Une bonne compréhension de la problématique permet pourtant de susciter de la considération pour ces enfants vulnérables.

Il est ainsi fondamental de rappeler qu’avant toute chose, ces jeunes sont des enfants vulnérables qui doivent et peuvent être aidé.es. Une fois correctement éclairées sur la situation, les personnes sensibilisées seront plus à même d’apporter une aide à ces jeunes et de convaincre à leur tour de la nécessité de les accompagner vers une sortie de la rue.

La sensibilisation permet de changer le regard de la société sur les enfants vulnérables. Finalement chacun peut agir à son niveau. 

Toky

Responsable de la sensibilisation, Grandir à Antsirabe

groupe de jeunes dessinant

Sensibiliser les habitants d’Antsirabe

Notre partenaire local Grandir à Antsirabe cherche d’abord à sensibiliser la population locale. L’association utilise différents moyens pour y parvenir.

Les Activités Jour, un temps de rencontre

Lors des Activités Jour (Danselarue, BiblioPousse, CinéRue), les éducateurs rencontrent de nombreux habitants d’Antsirabe. Ces moments ont lieu dans l’espace public et visent à permettre aux enfants des rues d’accéder à des moments ludiques et éducatifs. Cela permet de rappeler aux spectateurs.trices que ces jeunes vulnérables sont avant tout des enfants qui ne demandent qu’à pouvoir s’amuser et grandir dans des conditions normales !

Les habitants peuvent aussi discuter du projet avec les éducateurs.trices présent.e.s afin de mieux comprendre les actions menées.

AJ - BiblioPousse
Portrait - Arsène

La musique, un puissant outil de sensibilisation

L’association a également créé et diffusé un slam dans lequel des enfants de la rue s’expriment sur leur situation, leurs envies et leurs difficultés. Cet outil, en plus d’impliquer les enfants dans un projet artistique, permet de provoquer la compréhension et de susciter la compassion de celles et ceux qui l’écoutent !

Dans la même logique, l’association a enregistré le morceau « Miaraka aminay » et tourné un clip sur l’Avenue de l’Indépendance d’Antsirabe. Cette chanson évoque la vie d’un enfant de la rue venu au CHT et enfin satisfait dans ses besoins vitaux.

Flashmob

Une bande dessinée pour raconter

Le récit de leurs histoires passe également par le dessin : l’association a pu éditer une Bande Dessinée en malgache et en français pour raconter la vie de jeunes enfants de la rue. Elle est accessible ici.

La scène, un lieu d’expression pour les enfants vulnérables

Les nombreux spectacles organisés par l’association permettent aussi de prouver au public que les enfants des rues sont capables de discipline et de talent artistique. Ces moments sont ouverts au public et permettent d’attirer le regard de la société civile sur le projet social. Ces spectacles ont donc un double intérêt : faire plaisir aux enfants bénéficiaires de l’association et montrer une autre image des enfants des rues auprès des habitants d’Antsirabe venus assister aux festivités. Les enfants des rues sont comme tous les enfants, ils.elles aiment chanter, danser, sont stressé.es avant de monter sur scène, et heureux.se qu’on les applaudisse.

enfants qui dansent

Sensibiliser les écolier.es

Les équipes de Grandir à Antsirabe interviennent également dans sept écoles d’Antsirabe. Les écolier.es sont ainsi sensibilisé.e.s à la situation des enfants des rues. Les intervenant.e.s organisent ainsi des jeux de rôle, des ateliers d’expression et des quiz. Les élèves peuvent ainsi se projeter dans la peau de ces enfants vulnérables et poser des questions afin de mieux comprendre. Chaque semaine, c’est une nouvelle classe qui est ciblée par l’association.

Les équipes ne choisissent pas les écoles au hasard. La plupart du temps, elles sont situées à proximité des lieux de vie des enfants des rues. Les élèves de l’école Luthérienne « Farimbona », située à côté du petit marché, sont ainsi plus à même de comprendre la situation des enfants qu’ils croisent à la sortie des cours, et de changer de regard sur eux.

enfants qui regardent une vidéo
classe d'enfants

Sensibiliser les pouvoirs publics

Les autorités publiques jouent un rôle important dans la protection des enfants des rues. Toutefois les faibles moyens dont dispose l’administration malgaches empêchent souvent de mener des actions efficaces. L’association Grandir à Antsirabe cherche néanmoins à prouver que des mesures concrètes sont possibles. L’objectif est aussi de valoriser l’action associative auprès des pouvoirs locaux.

Les équipes rendent ainsi visite aux Fokontany (mairie de quartier) et rencontrent les chefs.fes pour présenter le projet et ses évolutions. Cela permet d’instaurer une bonne relation avec les responsables locaux et de pouvoir collaborer plus facilement en cas de besoin.

Dans la même logique, l’association présente son rapport d’activité à la préfecture et au centre fiscal. Elle fournit également le cahier de présence des enfants du Centre d’Hébergement Temporaire à la Police des mœurs et de la protection des mineurs.

Pamella qui parle dans un micro

La participation annuelle de Grandir à Antsirabe au Forum des Associations de l’OSCAPE permet aussi d’accroître la visibilité du projet auprès des autorités locales qui viennent rencontrer les associations présentes à cette occasion. Les membres présent.e.s peuvent ainsi rappeler à quel point il est essentiel de proposer des solutions concrètes aux enfants vulnérables et évoquer les difficultés qu’ils.elles rencontrent dans cette tâche.

Ce travail de sensibilisation des autorités permet ainsi de signaler que les enfants sont bien pris en charge, d’accroître la conscience du phénomène et de susciter la réaction des interlocuteurs.trices.

Sensibiliser les voyageurs.euses à Madagascar

Lorsque des voyageurs.euses passent par Antsirabe, ils sont toujours les bienvenu.es à l’association. Le responsable de la sensibilisation leur fait ainsi visiter les locaux et leur présente le projet avant de débuter un atelier de sensibilisation.

Pendant environ 1 heure, les visiteurs.euses sont ainsi informé.es de la situation des enfants des rues. Cet atelier prend une forme assez ludique puisqu’il s’organise sous forme de quiz et de jeu de rôle. Il est ainsi accessible aux plus jeunes comme aux adultes. C’est également l’occasion de diffuser le slam réalisé par les enfants de l’association. Il est alors possible de poser des questions telles que « dois-je donner aux enfants qui me demande de l’argent ? Comment faire si je veux agir ? »

AJ - BiblioPousse

Les voyageurs.euses sont ensuite invité.e.s à participer aux Activités Jour organisées par l’association. Ils.elles sont alors plongé.es dans ces moments récréatifs et éducatifs et réalisent que les enfants des rues sont des jeunes qui, comme tous les autres, prennent plaisir à s’amuser et à jouer ensemble. Les visiteurs.euses peuvent aussi discuter avec les éducateurs.trices et poser les questions qui leur passent par la tête.

Notre agence de voyage solidaire et équitable « Grandir Aventure » permet également à de jeunes français.es de s’impliquer dans des projets de développement local. Durant quelques jours ils rencontrent ainsi l’association et participent à des actions sociales qui permettent d’améliorer la situation des enfants vulnérables. Ils peuvent ainsi participer à la construction d’une école ou d’une aire de jeux et rencontrer les acteurs.trices du projet social à Antsirabe. Ces temps d’actions sont surtout l’occasion de partage et de rencontres. (Lire l’article : un voygae humanitaire ? Non, un voyage solidaire !)

Une fois de retour en France, ces voyageurs.euses peuvent ainsi devenir eux.elles même ambassadeur.drices de la cause que nous défendons et à laquelle ils sont bel et bien sensibilisé.e.s. Le bouche à oreille permettra de recruter des bénévoles, de nouer des partenariats ou d’intéresser des donateurs.trices.

Chacun de nos séjours rentre dans une démarche d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale :

L’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale permet à chacun de comprendre les mécanismes d’interdépendance et d’exclusion dans le monde, de prendre conscience de l’importance d’une démarche citoyenne ayant pour but de favoriser une solidarité entre les territoires, les générations, les groupes sociaux… Et d’agir pour la construction d’un monde solidaire. (EDUCASOL)

Discours de Sebastien
Femme qui lit

Sensibiliser depuis la France

Les équipes de la Fédération Grandira mènent également de nombreuses actions en France pour sensibiliser la population. Sébastien, responsable de la vie associative, intervient ainsi régulièrement dans des établissements scolaires pour évoquer notre projet et tenter de sensibiliser à la cause des enfants en situation vulnérable.

Nous participons également à des évènements locaux tels que le marché de Noël, le Bal des pompiers ou encore des expositions photos. C’est encore une fois l’occasion d’accroître la visibilité de nos actions et de rallier toujours plus d’acteurs à notre cause.

La sensibilisation, un fort outil de mobilisation

Que la sensibilisation soit réalisée auprès de jeunes, d’adultes, de malgaches ou de français.es, elle poursuit toujours un objectif : changer le regard des personnes sur les enfants des rues. Tous ne peuvent pas être pris en charge par l’association, mais tous profiteront d’une éventuelle mobilisation de la société civile. C’est donc une belle manière d’améliorer indirectement la situation de ceux qui restent dans la rue et qui ne demandent qu’à être considérés comme des enfants normaux.

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