/ PORTRAIT D’ÉQUIPE / Claire, la rigueur au service des partenariats financiers

30.04.19 | Grandir Ailleurs, Portraits

/ PORTRAIT / 

Claire a rejoint Grandir Ailleurs en octobre 2018 en tant qu’appui aux partenariats financiers : faire et suivre les demandes de financement pour soutenir les projets de l’association, c’est sa mission ! De ses origines culturelles multiples et son parcours international, Claire tire une grande ouverture d’esprit… Mais son cœur appartient définitivement à Antsirabe !

 Depuis combien de temps es-tu volontaire pour Grandir Ailleurs, Claire ? Et quel est ton parcours avant ?

Je travaille pour Grandir Ailleurs depuis le 8 octobre 2018, c’est tout frais. J’ai grandi et fait mes études à Antsirabe puis à Antananarivo et, après mon bac, j’ai suivi un cursus en sciences politiques en France. Je l’ai terminé avec un master en « solidarité internationale, actions humanitaires et crises ». Et en fait, c’est un peu par hasard que je suis arrivée chez Grandir Ailleurs : j’ai vu une annonce pour un volontariat, la fiche de poste me plaisait bien et, arrivée tout en bas de la fiche, je me suis rendue compte que le poste était à Antsirabe ! Là, je n’avais même plus de questions à me poser, il fallait que je postule !

Le hasard fait bien les choses ! C’est ta première expérience ?

Oui et j’appréhendais un peu, d’ailleurs. En général, dans la solidarité internationale, il faut au moins 2 à 3 ans d’expérience : c’est pour cela que j’ai aussi cherché des volontariats, à défaut de trouver un poste directement. Ce que je vais apprendre ici, je vais pouvoir le remettre en pratique ailleurs, c’est certain. Et la thématique de l’enfance me plaît, surtout à Antsirabe où la problématique est particulièrement criante : je fais quelque chose d’utile et, en plus, je le fais chez moi ! Par la suite, idéalement, j’aimerais rester vivre ici.

Comment vois-tu ton travail ? Quelles sont tes principales missions ?

En tant qu’appui partenariats financiers pour Grandir Ailleurs, j’ai plusieurs missions. D’abord, la rédaction, l’envoi et le suivi des dossiers de demande de financement. Je fournis aussi un appui technique à Pamella, responsable communication et partenariats pour Grandir à Antsirabe [ndlr : l’association locale partenaire de Grandir Ailleurs à Antsirabe]. Elle est arrivée tout récemment à son poste donc nous sommes en passation. Lorsqu’une demande de financement doit être déposée par Grandir à Antsirabe, ou pour la rédaction des rapports de suivi et d’évaluation des projets, je l’aide dans la rédaction du document. J’appuie également Mano sur la recherche de fonds pour l’OSCAPE [l’Organisation de la Société Civile d’Antsirabe Pour l’Enfance, plateforme d’associations œuvrant pour l’enfance en situation vulnérable].

Et enfin, j’aide à la recherche de nouveaux partenaires techniques et financiers pour Grandir Ailleurs et Grandir à Antsirabe : pour cela, je travaille avec Mathilde [directrice de Grandir Ailleurs], Tsitoha [directeur de Grandir à Antsirabe] et Pamella. Dès que l’on correspond aux critères d’éligibilité d’un bailleur potentiel, je leur en fais part ; Mathilde et Tsitoha décident, par la suite, si on lance la procédure ou non.

Que préfères-tu dans ton poste ? Qu’est ce qui te semble le plus difficile ?

Tout ce qui se fait en coulisses, comme le travail de recherche et de rédaction des dossiers, c’est ce que je préfère. Je pense que c’est là-dessus que repose une grande partie du travail de recherche de financements : les dossiers que l’on présente doivent être propres et complets, au risque de se faire écarter immédiatement. Mathilde m’a également mise en contact avec les principales personnes avec qui l’on intervient sur les dossiers. C’est bien que je connaisse les bailleurs avec qui l’on travaille régulièrement et l’interlocuteur à qui envoyer les dossiers : c’est plus facile pour eux d’avoir un seul contact et cela peut éviter des faux pas.

Ce qui est un peu plus difficile pour moi, c’est l’aspect communication : parler en public ou avec une personne que je ne connais pas, cela me stresse énormément ! Quand j’ai une réunion ou un appel à passer, il me faut entre 30 min et 1h de préparation et des petites notes, sinon c’est bafouillages assurés ! (rires)

Une qualité essentielle à ton poste ?

Pour moi, il faut surtout être rigoureux. Les dossiers que l’on envoie doivent être pertinents, complets au niveau des pièces annexes et bien présentés. Oublier d’envoyer ne serait-ce qu’un document peut faire capoter tout le dossier. Et il y a pas mal de « deadline » indispensables à respecter : c’est très important car non seulement ton dossier risque de ne pas être examiné, mais en plus tu passes pour quelqu’un de pas très sérieux et impliqué. Et cette image rejaillit directement sur l’association. Donc, même si cela prend du temps, il faut apprendre tous les dossiers et être au point sur toutes les dates : c’est facile d’inverser quelques éléments, surtout quand tu es nouveau.

Une autre qualité serait de savoir travailler en équipe : quand tu prépares un dossier ou que tu rédiges un rapport, les infos que tu mets dedans dépendent de ce que tu reçois de la part des équipes techniques, ou de Mathilde et Tsitoha. C’est comme une chaîne et si un maillon se brise, plus rien ne marche ! Donc je ne dois pas hésiter à relancer s’il me manque des infos, quitte à passer pour la pénible de service !

Pourquoi as-tu choisi Grandir Ailleurs ?

Au-delà des raisons précédemment évoquées, c’est une association jeune avec une équipe jeune : cela crée un environnement de travail attrayant. Et le choix reste quand même surtout personnel : cette association, elle intervient directement à Antsirabe. Donc, à mon échelle, je participe au développement communautaire : ça aussi, c’était important pour moi.

Un souvenir / une anecdote au sein de Grandir Ailleurs qui t’a marquée ?

La première maraude que j’ai faite. On sait tous qu’il y a des gens qui vivent dans la rue mais je ne pensais pas voir autant d’enfants. Je me dis : « nous, à cet âge-là, à quoi on pensait ? » Pas à notre survie. Et je crois que c’est pour cela que je n’ai fait qu’une seule maraude, jusqu’à présent : pour faire le travail de l’Equipe Mobile d’Aide, il faut avoir les reins solides. Et depuis que je travaille ici, je ne supporte plus le gaspillage de nourriture, je me force à finir même si je n’ai plus faim. Je me rappelle du Noël des enfants en décembre dernier : ils ne lâchaient pas les os avant qu’il n’y ait plus rien dessus.

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Un animal ?

Je dirais un loup, pour son côté solitaire : je suis très bien avec moi-même ! Quand je pars en vacances, je ne supporte pas qu’il y ait trop de monde, maximum 3 ou 4. Je peux me faire des randonnées de 20 km toute seule : je prends mon temps, je fais ce que je veux !

Un héros ?

« Captain America ». La politesse, pour moi, c’est un mot d’ordre et d’autant plus dans le milieu de la solidarité. Et surtout à Madagascar : si tu ne témoignes pas de respect aux gens (parfois même sans t’en rendre compte), ils ne te respecteront pas. Et puis j’essaie d’aider, quand je peux. Une fois, en France, j’ai vu un monsieur aveugle, seul et perdu au milieu de la route alors que des voitures arrivaient. Tout le monde voyait qu’il avait besoin d’aide, mais pas une seule personne n’est allée le voir. J’étais avec un ami, on l’a ramené sur le trottoir, c’était aussi simple que ça.

Une chanson ?

« Doomed to live », c’est la BO de la série Gomorra. En fait, si j’ai quitté Madagascar après le bac, c’était aussi pour échapper à la pression sociale ; mais, dans le fond, j’ai toujours su que je reviendrais ! Aujourd’hui, il y a bien des obligations sociales dont j’aimerais me soustraire mais je fais avec.

Un film ?

La saga Harry Potter ! Elle a bercé toute mon enfance et mon adolescence. Bon, ce n’est pas parfait, mais il donne envie ce monde fantastique, où tu peux t’échapper de ton quotidien à coup de baguette magique ! Et puis aussi, pour le banquet de rentrée à Poudlard, avec la nourriture qui apparaît sur la table comme par magie de manière inépuisable 😊 !

Un sport ?

La course à pieds, cela me vide vraiment l’esprit et me permet d’évacuer tout le stress que j’accumule durant la semaine. En France, je courrais 3 à 4 fois par semaine ; ici un peu moins, vu l’état des routes 😊.

Un objet ?

Mon doudou ! J’ai un lapin depuis plus de 10 ans, il ne m’a jamais quitté, je l’emmène partout où je vais : Angleterre, Portugal, Israël, Jordanie… Il a vu plus de pays que mes parents !

Un défaut ?

Je suis très solitaire et casanière, parfois trop.

Une qualité ?

J’aime le travail bien fait. Quand je suis hyper investie dans quelque chose, je ne peux pas l’arrêter tant que les personnes concernées ne sont pas totalement satisfaites : je n’aime pas le goût de l’inachevé !

 Une devise / une citation ?

« Bien mal acquis ne profite jamais » : c’est mon arrière-grand-père qui disait cela. En gros, il ne faut jamais s’en prendre gratuitement aux gens, cela finira par te retomber dessus, d’une manière ou d’une autre.

Un péché mignon ?

Le trio « chocolat/frites/pizza » : je pourrais manger cela tous les jours, je ne m’en lasserais pas ! Et pour le chocolat, je sais que certains peuvent se contenter d’un carré ou deux, mais moi c’est impossible : le temps que je m’en rende compte, la tablette est déjà terminée !

Ta plus grande fierté ?

Le fait d’être ici et de travailler dans MA ville et pour MA ville. A l’école primaire, je faisais partie des derniers de la classe et mon institutrice de CE1 avait dit à mes parents qu’elle ne voyait pas ce que j’allais pouvoir faire dans la vie, parce que j’étais mauvaise en maths. Et finalement, aujourd’hui, je suis bien là où je suis et j’ai fait ce qu’il fallait pour en arriver là.

Et en parlant de la baguette magique d’Harry Potter 😉 : si tu pouvais être quelqu’un d’autre le temps d’une journée, qui aimerais-tu être ?

Je dirais Harley, l’un des chiens de ma famille ! Parce que la vie de chien chez mes parents, c’est très facile : tu te prélasses au soleil et tu manges super bien ! Le temps d’une journée, ça peut vraiment faire du bien 😊.

C’est vrai que cela fait envie ! As-tu quelque-chose à rajouter ?

Cette année, on est en pleine recherche de financements pour Grandir Ailleurs et on développe aussi la politique de mécénat. J’espère vraiment que l’association pourra continuer à se développer et mener tous ses projets ici. Parce que même si on ne le voit pas forcément toujours, pour les enfants que l’on aide, cela peut changer énormément de choses.

C’est une belle conclusion : merci Claire pour cet échange !

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